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Vers des emballages durables

Medical Packaging
Publish date: 24-04-2025

Vers des emballages durables

Pour les médicaments et les dispositifs médicaux

Vers des emballages durables pour les médicaments et les dispositifs médicaux

Par an, un lit d’hôpital génère entre 1200 et 2000 kg de déchetsi, ce qui représente 125 kg d’émissions de CO2eii. C’est donc sans surprise que l’étude Opération Zéro menée par le Plan d’Action National Environnement-Santé démontre que le secteur des soins de santé est responsable d’environ 5% des émissions nettes de CO2 en Belgique. Si la situation reste inchangée, ce chiffre pourrait atteindre 61 % d’ici 2050iii. Pourtant, plusieurs changements sont en cours. De nombreux changements. La durabilité constitue bien plus qu’un engagement et un objectif dans le secteur des soins de santé. C’est la conclusion, ce 24 avril, d’un séminaire relatif aux emballages des médicaments et des dispositifs médicaux et organisé par le Green Deal Duurzame Zorg et BD Benelux en collaboration avec des intervenants de Johnson&Johnson Innovative Medicine, Johnson&Johnson MedTech, l’UZ Gent et Fost plus. Une quarantaine de participants ont obtenu des réponses à des questions telles que : comment les hôpitaux traitent-ils les déchets d’emballage?  Pourquoi le fabricant choisit-il un certain type d’emballage? Quels sont les défis en termes de design for recycling (conception pour le recyclage)? Et quelles sont les tendances en matière d’amélioration de la durabilité?

Le secteur des soins de santé a une empreinte environnementale conséquente. C’est pourquoi un séminaire de ce genre est essentiel, explique Els van Herewegen, EMEA Senior Engagement Manager, Environment Social Governance (ESG) chez BD : « Chez BD, notre objectif est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 dans l’ensemble de notre chaîne de valeur. Nous avons élaboré des plans spécifiques pour chaque département de notre entreprise afin d’y arriver, tout en veillant à garder nos chaînes d’approvisionnement intactes, à maintenir la sécurité des patients et à perpétuer l’innovation de nos produits. À cette fin, l’importance de la collaboration est majeure. Nous pourrons seulement avoir un réel impact en coopérant avec les fournisseurs, les clients, les organismes de gestion des déchets et toutes les parties prenantes. Cela ne fonctionnera pas si nous avons chacun une approche différente.  Ce séminaire est l’occasion idéale pour stimuler et renforcer cette collaboration. »

Les déchets d’emballages médicaux

À l’UZ Gent, la gestion des déchets est un sujet important, atteste Katrien Vanderwee, collaboratrice scientifique pour le centre d’expertise en soins infirmiers (VEC, verpleegkundig expertisecentrum) de l’UZ Gent. Chaque année, l’hôpital produit 1000 tonnes de déchets de soins de santé sans risque et 400 tonnes de déchets de soins de santé à risque. Pour ces deux catégories, seule l’incinération est autorisée et cela représente plus de 75 % des déchets de soins de santé. Lors de ces cinq dernières années, des efforts considérables ont été déployés pour trier les déchets recyclables tels que les PMC, le papier et les toiles de stérilisation. Ces flux de déchets ont augmenté de 10 %, en partie grâce à la mise en place de trois flux de déchets recyclables dans les salles d’opération, en plus des flux de déchets de soins de santé sans risque et à risque existants.

Les emballages jouent un rôle essentiel pour les hôpitaux. Ils permettent de protéger le matériel médical et de veiller à ce que celui-ci soit sûr à utiliser, transportable, stockable, traçable et stérile. Ce sont ces exigences qui rendent les emballages médicaux souvent difficiles à recycler. Par exemple, ils sont composés de matériaux différents, sont trop grands, ne sont pas complètement vides ou le matériau qui constitue l’emballage est inconnu.

Malgré ces obstacles, l’UZ Gent a opté pour une approche plus durable, entre autres via une politique d’achat qui donne la priorité aux emballages les plus petits possibles. Mais également en évitant les emballages superflus et en privilégiant les emballages issus de matériaux recyclés ou des emballages recyclables faciles à trier.

Ce sont également les objectifs et les défis de l’industrie, comme démontré lors de la présentation d’Ives De Busser, Principal Engineer Drug Delivery Systems, et de Simon Tack, Senior Sustainability Manager chez J&J. Ils ont expliqué les choix de durabilité qui sont (devraient être) faits pour les contenants primaires (emballages qui entrent en contact avec le produit lui-même) des médicaments. Ce processus commence déjà lors de la phase R&D (research & development) Lors du développement commercial d’un produit, la fin de vie est prise en compte. L’objectif premier est la réutilisation. Si cela n’est pas possible, la conception pour le désassemblage, la conception pour le recyclage et, ensuite seulement, la conception pour l’utilisation linéaire sont choisies par ordre de préférence. En outre, les matières premières sont déterminées, avec comme principes premiers d’éviter d’utiliser des ressources, de réutiliser et d’opter pour des matériaux recyclés. En ce qui concerne les emballages secondaires et tertiaires, les critères de durabilité font également partie du processus de conception. Évidemment, le règlement européen UE 2025/40 relatif aux emballages et déchets d’emballages (PPWR) a également une influence sur les matériaux utilisés, la recyclabilité, l’étiquetage et le transport. Cela se traduit par des innovations telles que les dépliants numériques, l’abandon progressif des notices en papier et les alternatives aux plateaux en plastique.

Sharon Connor, Global Director Sustainability, ETHICON, Johnson & Johnson MedTech, a ensuite abordé la question des emballages de dispositifs médicaux et comment les exigences réglementaires et les différences entre les pays et les régions peut compliquer ces choix durables. Cependant, cela n’influence pas l’engagement de J&J, comme en témoigne l’inclusion des critères de durabilité dans le processus de conception, la numérisation, l’utilisation de matériaux recyclés et l’achat responsable de produits. Étant donné que l’industrie doit répondre à de nombreuses exigences, de la sécurité à la traçabilité, Mme Connor a invité toutes les parties prenantes à collaborer intensément, y compris les entreprises et les autorités, les réseaux hospitaliers, les fournisseurs et les organisations du secteur.

Cet appel à la collaboration n’est pas resté sans réponse. En effet, Marion Calmels de Fost Plus a clarifié le rôle de l’organisation en tant que facilitateur d’un écosystème de partenaires contribuant à une économie circulaire ayant un impact positif sur les personnes et la planète. Il s’agit par exemple d’aider les hôpitaux à recycler les bons emballages (et à écarter les autres des flux de recyclage) ou de conseiller les entreprises pour qu’elles adoptent les principes de la conception pour le recyclage. Ce concept vise à concevoir des emballages qui peuvent être intégrés dans les flux de recyclage actuels et à aider les entreprises à se préparer aux futures exigences de recyclabilité du PPWR.

Des soins axés sur la valeur et durables

Sharon Connor a également souligné le lien entre les soins axés sur la valeur et la durabilité, en mettant l’accent sur la chirurgie. En effet, la salle d’opération est une source importante d’émissions et de déchets. Elle a expliqué comment l’évolution vers des soins axés sur la valeur va de pair avec une plus grande durabilité (les interventions chirurgicales de faible valeur sont une source majeure de gaspillage) et quel rôle les trajets de soins peuvent jouer à cet égard. Ces processus et procédures ont pour but de maximiser la valeur pour le patient tout en réduisant le plus possible l’impact financier et environnemental. À cet effet, la diminution des complications est essentielle.

Le pouvoir d’une approche holistique

Els van Herewegen a approfondi ce thème plus en détail. Les Signature Programmes sont l’un des moyens utilisés par BD pour atteindre ses objectifs ambitieux validés par la SBTi (Science Based Targets initiative). Les trajets de soins y sont évalués de manière holistique afin d’améliorer les processus existants en termes de sécurité des patients, d’efficacité et de personnel soignant. La gestion des cathéters, la gestion des processus médicaux automatisés et la chaîne d’approvisionnement responsable sont des exemples de trajets de soins sur lesquels BD collabore avec ses clients. Les bénéfices de cette approche, par exemple une meilleure réussite de la première tentative d’insertion, l’allongement de la durée d’utilisation du cathéter ou la diminution du nombre de médicaments périmés, ont un impact positif direct sur la durabilité. « En réduisant les processus inefficaces dans les soins de santé, en améliorant la sécurité des patients, en priorisant le bien-être des travailleurs et en s’attaquant à la pénurie de personnel par la refonte des processus, l’automatisation, la numérisation et l’optimisation logistique, nous pouvons collectivement réduire notre empreinte carbone et faire une différence significative », a conclu Els van Herewegen à l’issue du séminaire.  

i De Groene IC. (2025). *Waste – The Green IC*. Retrieved from https://degroeneic.nl/

ii Health care's response to climate change: a carbon footprint assessment of the NHS in England, Tennison, Imogen et al. The Lancet Planetary Health, Volume 5, Issue 2, e84 - e92

iii Nationaal Actieplan Leefmilieu‑Gezondheid (NEHAP), Health Care Without Harm Europe & Arup. (2025, February 24). Operation Zero: Greenhouse gas emissions of the Belgian healthcare sector – current emissions, roadmap & implementation framework [Report]. Belgian Federal Public Service Health, Food Chain Safety and Environment.