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Sécurité des patients en Belgique

Resilience Barometer - Bandage

Sécurité des patients en Belgique : comment mieux prévenir les infections associées aux soins ?

Publish date: 08-05-2025

Le BD Healthcare Resilience Barometer 20241 évalue la résilience des systèmes de soins de santé dans 100 pays d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique (EMEA). Le volet belge du Baromètre2 aborde la résilience de notre système de santé du point de vue de trois piliers clés : les patients, le personnel de santé et l’efficacité ainsi que la durabilité générale de la prestation des soins.

Le défi : la sécurité du patient sous pression

Selon les estimations, rien qu’en Europe, 8,9 millions d’épisodes distincts de HAI (Healthcare Associated Infections-Infections Associées aux Soins) surviennent chaque année dans les hôpitaux aigus (ACH) et les établissements de soins de longue durée3,4, car les patients contractent ces infections au cours des prestations de soins. Les données montrent que 42 % des patients atteints de HAI sont réadmis à l’hôpital dans les 30 jours5, de sorte que le poids de ces infections sur le système est considérable.

Les institutions de soins de santé du monde entier font de plus en plus pression pour que des lignes directrices plus strictes, une meilleure surveillance et des technologies innovantes soient mises en place pour prévenir les infections. Pourtant, cela reste un défi persistant, en particulier à une époque où la résistance aux antibiotiques s’accroît et où l’environnement hospitalier est complexe.

La situation en Belgique : un système solide avec des points faibles

La Belgique bénéficie d’une couverture médicale universelle élevée, ce qui signifie que les soins sont largement accessibles. Mais la sécurité des patients reste un défi :

  • Prévalence des HAI : en 2022, on estime que 9,2 % des patients des hôpitaux aigus belges présentaient une ou plusieurs infections associées aux soins de santé un jour donné. Si les infections contractées dans les établissements de soins de longue durée ne sont pas prises en compte, ce chiffre est légèrement inférieur (8,5 %). Toutefois, les chiffres belges sont supérieurs à la moyenne européenne de 7,1 %. Ils sont plus élevés que prévu et révèlent une tendance à l’aggravation qui justifie la poursuite de la recherche et de la prévention.
  • Surveillance des infections : le baromètre révèle un manque de contrôle et de suivi.

 

Bien que le système de soins de santé belge soit très accessible, ces chiffres montrent qu’il est urgent d’investir davantage dans la sécurité des patients et la lutte contre les infections.

Au cours d’un débat exclusif organisé par BD Benelux, trois éminents experts en soins de santé - le Dr Sebastian Spencer (directeur médical des Cliniques de l’Europe), le Dr Bart Demyttenaere (directeur médical de Solidaris) et Rudy Maertens (directeur général de l’AZ Alma) - ont discuté des défis structurels et des solutions potentielles pour le système de soins de santé belge.

Infections nosocomiales : la nécessité d’une plus grande transparence et d’une meilleure prévention

L’un des principaux points de discussion a concerné la prévalence inquiétante des infections associées aux soins (HAI) dans les hôpitaux belges. Selon le Dr Demyttenaere, ce problème n’est pas suffisamment abordé ouvertement, ce qui empêche une approche efficace. Il insiste sur l’importance d’un enregistrement adéquat des HAI et d’une plus grande transparence au sein des hôpitaux et entre eux.

De son côté, le Dr Spencer souligne, lui, que les mesures d’hygiène hospitalière et de prévention des infections sont souvent considérées comme une charge de travail supplémentaire, plutôt que comme un pilier essentiel de la sécurité des patients. « On a l’impression qu’un médecin hygiéniste n’est là que pour donner une charge de travail supplémentaire aux infirmières », déclare le Dr Spencer. Cela souligne la nécessité d’un changement de culture, où la prévention des infections est considérée comme une responsabilité partagée au sein de l’équipe soignante.

Modèle de financement : un goulet d’étranglement structurel pour des soins de qualité

Un autre point important de la discussion a été l’insuffisance du système de financement actuel, qui n’offre pas assez d’incitations à l’amélioration de la qualité et à la prévention. Il en résulte une baisse de l’attention portée à la qualité des soins, une charge de travail élevée et un risque accru de burn-out dans le chef des prestataires de soins de santé.

Le Dr Spencer plaide en faveur d’un financement davantage basé sur la valeur ou les résultats. Aux Cliniques de l'Europe, une petite partie du financement de la rémunération à la performance est versée aux médecins si des indicateurs de qualité prédéfinis sont atteints. Pour 2025, les indicateurs convenus sont l’amélioration des taux de mortalité (Hospital Standardised Mortality Ratio – HSMR) et la réduction de l’utilisation des antibiotiques au sein des Cliniques de l’Europe. Cette approche s’est avérée efficace au niveau de l’hôpital, comme dans la mise en oeuvre réussie de l’objectif de compléter correctement les dossiers électroniques des patients (DEP), ajoute le Dr Spencer.

Une vision à long terme du financement des soins de santé

Les participants au panel d’experts ont convenu que la part actuelle de la rémunération à la performance dans le financement des hôpitaux est beaucoup trop limitée. Gilbert Bejjani, directeur médical de la Clinique de la Basilique, de la Clinique Edith Cavell et de la City-Clinic CHIREC Louise, l’a également souligné depuis l’auditoire. « Si les hôpitaux et les médecins pouvaient perdre 10 % de

leur financement en raison de la mauvaise qualité des résultats, beaucoup de choses changeraient immédiatement. » Enfin, Rudy Maertens a souligné la nécessité de donner la priorité aux objectifs à long terme plutôt qu’aux solutions à court terme. Il plaide en faveur de l’intégration de modèles de soins régionaux, qui lient plus étroitement la qualité et le financement. L’essentiel, selon M. Maertens, est une approche ‘follow-the-money’, qui alloue les ressources financières sur la base d’améliorations mesurables de la qualité, plutôt qu’une structure classique de ‘pay-per-service’ ou ‘fee-for-service’. Vous souhaitez approfondir vos connaissances et les tendances dans le domaine de la santé ? Téléchargez le BD Healthcare Resilience Barometer 20241 et découvrez comment les organisations de santé s’adaptent à l’évolution des défis et quelles stratégies contribuent à un système de santé plus résilient.

RÉFÉRENCES

  1. Voir https://lp.bd.com/202501-BDX25-BNL_FR-Barometer-Awareness-Barometer_Report-LP_LP-EN-01-MainLP.html
  2. https://lp.bd.com/rs/328-BFZ-688/images/BD-140614_Belgium_2024_Healthcare_Resilience_Barometer_Report_French_202501.pdf
  3. Suetens, C, Latour, K, Kärki, T, et al. Prevalence of healthcare-associated infections, estimated incidence and composite antimicrobial resistance index in acute care hospitals and long-term care facilities: results from two European point prevalence surveys, 2016 to 2017. PubMed. https://doi.org/10.2807/1560-7917. ES.2018.23.46.1800516
  4. Suetens, C, Latour, K, Kärki, T, et al. Prevalence of healthcare-associated infections, estimated incidence and composite antimicrobial resistance index in acute care hospitals and long-term care facilities: results from two European point prevalence surveys, 2016-2017. PubMed. https://doi.org/10.2807/1560-7917. Es.2018.23.46.1800516
  5. PHC4. The impact of healthcare-associated infections in Pennsylvania, Consulté en 2022. https://www.phc4.org/wp-content/uploads/hai2010report.pdf